Les lumières s’éteignent sur le circuit de courses, mais un moteur gronde encore : j’essaye mes nouvelles lunettes infrarouges.
L’entraineur me laisse carte blanche pour la finale de demain, soit parce qu’il est rusé comme un renard, soit parce qu’il achève de se griller le cerveau : il calme son anxiété en craquant les médocs comme des bonbons, avalant ses espoirs déçus comme moi les kilomètres.
Dans 24 heures, je fêterai mes quarante ans avec une ossature cramée, une maigre pension d’invalidité, et une vie de famille étouffée dans l’œuf. Aucune reconversion possible : la mention tricheur me colle à la peau, comme cette une de journal devenue culte.
Pas d’économies cachées. Pas d’amis pour emprunter. Le coach Mitchell garde ses ultimes deniers pour des clopes cotonneuses.
Mon unique monnaie d’échange : mon bolide ultra-bricolé, intégralement retouché, qui a muté d’accident en accident. Depuis qu’un pilote légendaire est mort dans mes bras, au bord d’un virage recouvert de restes humains fumants. Où pas un pilote n’avait survécu.
Un orage prévu pour le lendemain. Je vais profiter de ça pour griller tout le monde. Les lunettes pour voir à travers les nuages, les éclairs, les débris. Et mon véhicule hyper résistant qui est déjà revenu de tout. Toutes les cartes de son coté. La tornade me trace comme un chemin vers la victoire. L’explosion finale.